Quels sont les métiers les plus touchés par le burn-out ?
Introduction
45 ans et déjà prêt pour la retraite ? Epuisé par le travail, tu as déjà envie de tout arrêter ? C’est le sentiment que partagent beaucoup de professionnels en situation de burn-out. Ta situation n’est pas une exception puisque selon une récente étude de l’Institut de veille sanitaire français, près de 500.000 personnes seraient en souffrance psychique au travail.
Le syndrome d’épuisement professionnel touche toutes les catégories socioprofessionnelles, dans tous les secteurs d’activité, en ville comme en zone rurale. Cependant, certains professionnels sont plus à risque que d’autres de développer un burn-out par la nature même de leur métier. Je t’explique quels métiers sont les plus touchés par le burn-out et pourquoi. Reconnaître les risques que font peser ton métier sur ta santé mentale peut t’aider à prévenir le développement d’un burn-out.
À retenir
- Les travailleurs indépendants sont plus à risque de développer un burn-out
- 20% des cadres sont touchés par le burn-out
- L’engagement excessif au travail augmente le risque de burn-out
Les travailleurs indépendants : un statut à risque de burn-out
L’atmosphère de travail, la pression de la hiérarchie et une mauvaise gestion managériale peuvent être des facteurs de risque de burn-out. Pourtant, les indépendants choisissent leur horaire, organisent leur travail comme ils l’entendent et n’ont pas de hiérarchie au-dessus d’eux. Alors pourquoi sont-ils autant à risque de faire un burn-out ?
Les travailleurs indépendants cumulent les casquettes, ce qui alourdit leur charge de travail au quotidien. 100 % investis dans leur activité, plus de la moitié ne prennent pas de vacances et près des trois quarts travaillent le week-end et le soir. De plus, contrairement aux salariés, les travailleurs indépendants connaissent des fluctuations de leur activité, selon la demande et les commandes des clients. Cette charge de travail importante, les horaires à rallonge et l’incertitude du futur sont des facteurs qui peuvent conduire à l’épuisement professionnel.
1. Les chefs d’entreprise, les artisans et commerçants
Cette catégorie de travailleurs indépendants connait des charges de travail très lourdes avec des horaires excessifs. Il est difficile de prendre des vacances puisque cela signifie fermer boutique. Très engagés dans leur travail, les chefs d’entreprise, les artisans et commerçants à leur compte ont du mal à faire la coupure entre vie professionnelle et vie privée. La famille est parfois même directement impliquée pour faire tourner l’affaire et pour aider sur certaines tâches. Pour cette catégorie professionnelle, le travail est devenu un mode de vie. Tout cela augmente le risque d’épuisement pour les indépendants. Les chiffres le démontrent puisque selon une étude du cabinet Technologia, les chefs d’entreprise, les artisans et les commerçants sont un sur cinq à connaître l’épuisement professionnel dans leur carrière.
Ces professionnels savent que tout repose sur eux pour la bonne santé économique de leur entreprise. Ils sont hyper investis dans leur travail et se donnent à 100 % pour réussir. Cet engagement les rend particulièrement vulnérables au burn-out. On retrouve cette même dynamique chez les exploitants agricoles, souvent seuls à bord, et très investis dans leur travail.
2. Les paysans et les agriculteurs exploitants
Ce métier nécessite un investissement total. Les horaires sont souvent très lourds, avec peu de temps de récupération, avec une faible rémunération à la clé. Dans ce contexte, il est difficile de faire une pause sans mettre l’exploitation en péril. La performance est d’ailleurs omniprésente dans cette profession. La comparaison avec d’autres exploitants agricoles, la comparaison des chiffres avec ceux des années passées, ou encore la pression de toujours produire plus, engendrent des risques pour la santé mentale des exploitants, dont le burn-out.
Les chiffres sont accablants pour cette catégorie socioprofessionnelle, selon le cabinet Technologia, près de trois quarts des exploitants agricoles témoignent d’un travail excessif et compulsif. À la longue, ces deux facteurs provoquent un risque élevé de développer un burn-out. L’épuisement professionnel se traduit aussi par l’incapacité de se reposer et à recharger les batteries. Or, un agriculteur sur deux déclare se lever fatigué le matin, preuve que ce métier expose à un risque d’épuisement prolongé et profond.
3. Les professionnels de la santé à leur compte
Rythme intenable, sentiment de ne pas avoir le temps de bien faire son travail, peu de reconnaissance, charge de travail intense, faible rémunération, absence de soutien, etc. Tous les professionnels de la santé à leur compte traversent ces difficultés à un moment donné de leur carrière, ce qui les rend particulièrement vulnérables au burn-out.
Les cadres
Les cadres sont près de 20 % à être touchés par le surmenage professionnel. Une grande responsabilité repose sur leurs épaules. De plus, ils doivent répondre de leurs résultats à leur hiérarchie. Le « reporting » quotidien, mensuel et annuel de plus en plus formalisé semble jouer pour beaucoup dans le développement du stress au travail. Le sentiment de «lâcheté managériale», le manque de reconnaissance, la pression des résultats poussent les cadres dans une situation propice au burn-out.
Les professionnels de la santé et l’épuisement professionnel
Salarié, employé, professionnel libéral, c’est tout le monde médical qui est touché par le burn-out. Le corps médical sauve des vies, mais parfois au détriment de sa prope santé mentale. Les médecins et praticiens en milieu hospitalier sont particulièrement exposés au risque d’épuisement professionnel. Selon une thèse de 2014, le taux de burn-out chez les médecins hospitaliers serait entre 38 % et 52 %. L’éthique professionnelle est très importante pour le personnel de santé. Or, les restrictions budgétaires et la pression de la rentabilité à l’hôpital (et en clinique) mettent à mal ces idéaux éthiques. Le mépris de la direction, les pressions, le sentiment de ne pas pouvoir délivrer des soins de qualité sont des facteurs de risque du syndrome d’épuisement professionnel.
Les phases de développement d’un burn-out
Tu travailles dans un milieu particulièrement à risque de burn-out ? Si c’est le cas, direction notre prochaine section pour savoir si tu es dans une phase de pré-burn-out ou bien déjà dans une situation d’épuisement professionnel. Comprendre ton état de santé mentale est essentiel pour faire les premiers pas et demander de l’aide.
Pourquoi les exploitants agricoles, les professionnels de santé et les professionnels à leur compte sont plus à risque d’épuisement professionnel ?
Pour comprendre pourquoi certains métiers exposent davantage au syndrome d’épuisement professionnel, il faut d’abord comprendre les causes qui conduisent au burn-out.
Phase 1 : L’engagement excessif au travail
Dans un premier temps, ton travail te plaît. Tu es 100 % investis dans ton métier. Tu as un sentiment d’accomplissement professionnel, tu es très impliqué dans ton travail qui t’absorbe entièrement et te passionne. Tu es incapable de déléguer les tâches du quotidien et tu veux tout faire tout seul. Si quelqu’un te propose de t’aider, tu as l’impression de perdre le contrôle.
Phase 2 : La démotivation
Cet engagement excessif et compulsif au travail gagne les autres sphères de la vie. Tu as moins de temps pour pratiquer une activité sportive, tu sors moins. Tu rencontres de moins en moins ton cercle d’amis et le temps en famille se réduit. Dans cette phase, tu négliges tes besoins personnels en faisant passer ta réussite professionnelle d’abord.
Phase 3 : La résistance face aux signes avant-coureurs
Tu continues à t’imposer un rythme professionnel effréné, sans pour autant l’admettre. Tes proches commencent à t’envoyer des signaux, mais tu nies tout en bloc. « Tu es moins présent à la maison ces derniers temps », « Tu sors moins », « On dirait que tu as perdu ta joie de vivre ». Ton surmenage professionnel impacte ton estime de toi et tu commences à douter de tes compétences et de ton travail. Tu développes une attitude négative et cynique envers tes collègues, tes patients, tes clients et ton travail en général. Physiquement, le surmenage se manifeste par des rigidités musculaires, des troubles du sommeil, et parfois des troubles de l’alimentation, qui sont ignorés, voire niés.
Phase 4 : L’accablement
C’est la dernière phase du burn-out et la plus « visible ». Tout s’effondre, tu as une baisse d’énergie et aucune motivation à aller au travail. Cela se manifeste par la diminution des performances au travail et la tendance à déshumaniser les patients, ou clients, en les considérant comme des numéros. Cette phase se caractérise par une perte d’empathie pour les patients, les collèges et l’entourage professionnel en général. C’est alors que nait le sentiment d’inutilité, aux antipodes de ton engagement des débuts. Pour certains, la perte de sens au travail se traduit par une perte de sens de la vie. Tu es totalement épuisé tant sur le plan physique, qu’émotionnel et psychique.
Conclusion
Infirmier, médecin, agriculteur, cadre, artisan, chef d’entreprise, le burn-out touche beaucoup de métiers. Quelle que soit ta situation professionnelle, si ta santé mentale se dégrade, il est essentiel de te faire accompagner. Ton médecin du travail, ton médecin généraliste, ton service des ressources humaines sont tes points de contact immédiat pour t’aider.
Sources
Batanda, I. (2024) Prevalence of burnout among healthcare professionals: a survey at fort portal regional referral hospital. npj Mental Health. https://doi.org/10.1038/s44184-024-00061-2
Robbe-Kernen M., Kehtari R. (2014). Les professionnels de la santé face au burnout. Facteurs de risque et mesures préventives. Revue médicale suisse. https://doi.org/10.53738/REVMED.2014.10.443.1787
Risques psychosociaux. Santé Sécurité au travail en Agriculture (SSA). https://ssa.msa.fr/
Delbrouck, M. (2007). Burn-out et médecine: Le syndrome d’épuisement professionnel. Cahiers de psychologie clinique. https://doi.org/10.3917/cpc.028.0121
Le burn-out. Technologia. https://www.technologia.fr/wp-content/uploads/2015/01/Fiche-Marketing-Burn-out.pdf
Tracy Brower (2023). How To Recover From Burnout: New Study Holds Surprises. Forbes.
https://www.forbes.com/sites/tracybrower/2023/04/10/how-to-recover-from-burnout-new-study-hold-surprises/
Delaye, R. & Boudrandi, S. (2010). L’épuisement professionnel chez le manager de proximité : le rôle régulateur de l’entreprise dans la prévention du Burnout. Management & Avenir. https://doi.org/10.3917/mav.032.0254