Les causes du burn-out professionnel

Introduction

Contrairement aux idées reçues, le burn-out ne te tombe pas dessus sans prévenir. Il ne s’agit pas d’un éclair qui transperce le ciel et te met à terre en un claquement de doigts. Des signes avant-coureurs peuvent être détectés en amont. Non, le burn-out n’apparaît pas du jour au lendemain. Les causes de l’épuisement professionnel sont ancrées depuis bien longtemps dans ta routine professionnelle, parfois depuis de longues années.

Les facteurs liés au travail

Les causes du burn-out sont multiples et sont à chercher à plusieurs niveaux. Au niveau individuel bien sûr, j’y reviendrai plus loin, mais surtout au niveau organisationnel, dans l’entreprise. Voici les principaux facteurs de risque qui permettent d’identifier une situation de travail dégradée pouvant amener certains individus à développer un burn-out.

1. Une surcharge de travail

Les horaires de travail qui s’allongent et un temps de travail excessif sont des causes courantes de burn-out. Théoriquement, tu devrais travailler du lundi au vendredi, mais tu prends du temps le week-end pour retourner au bureau, ou simplement pour consulter un dossier, ou pour traiter les emails auxquels tu n’as pas pu répondre dans la semaine ? Les pauses de midi sont de plus en plus courtes et il t’arrive de les décaler pour participer à une réunion ou pour finir un dossier ? Pire, il t’arrive de ne pas prendre le temps de manger ? Trop pressé, tu préfères rogner sur tes horaires de pause pour planifier un rendez-vous, préparer une réunion ou rattraper ton retard ? Si tu te reconnais dans ces situations, tu es à risque de burn-out. Les charges de travail insurmontables conduisent inexorablement à l’épuisement professionnel.

Bon à savoir : La surcharge de travail ne doit pas être confondue avec le surcroît de travail, qui correspond à une période de pic d’activité prévue et contrôlée. Les comptables ont, par exemple, un surcroît d’activités au moment de la clôture de l’année comptable. Ce pic d’activité est anticipé, ponctuel et maîtrisable. Cette situation est bien différente de la surcharge de travail permanente et imprévisible, qui entraîne une surchauffe. Sans réussir à contrôler les flux et les pics d’activité, le travailleur s’expose au burn-out.

2. Une sous-charge de travail

Il faut savoir que le manque de travail est tout aussi toxique que la surcharge de travail, contrairement aux idées reçues sur le burn-out. Aussi appelé « bore-out », c’est un épuisement par l’ennui. Lors de fusions d’entreprises par exemple, des doublons se créent, ce qui vide certains postes de leur substance. Après le retour d’une grossesse, ou d’un long arrêt-maladie, certains employés se retrouvent aussi dans cette situation. Ils reprennent leur poste, mais celui-ci est vidé de ses responsabilités. On voit aussi des employés « mis sur le banc » et peu sollicités par leur hiérarchie. Ce sentiment de vide est source de souffrance au travail.

3. Le conflit de valeur au travail

Tu as l’impression que ton travail te force à compromettre tes valeurs ? Prenons l’exemple des infirmières qui s’inquiètent de la qualité des soins qu’elles prodiguent par manque de temps. Culpabiliser de mal faire son travail est symptomatique d’un conflit de valeur. Lorsqu’un « professionnel se trouve dans une situation qui remet en question son éthique personnelle, qui n’est pas en accord avec le système qu’il représente en tant que travailleur », on entre dans un conflit de valeur, comme le définit la professeure et psychologue clinicienne Stacey Callahan. Le travailleur vit alors un véritable conflit interne entre sa vie professionnelle et son éthique. Ses inquiétudes sur la qualité de son travail ne sont souvent pas entendues par la hiérarchie. Les travailleurs se voient imposer une définition unilatérale du travail : « C’est comme ça qu’il faut faire ». L’impression d’entrer en conflit avec son éthique personnelle au travail est une cause récurrente de burn-out.

4. La perte de sens au travail

Face à la surcharge de travail, la qualité du travail est souvent compromise. L’arbitrage entre effectuer une liste interminable de tâches et bien faire son travail devient permanent. Le psychologue Yves Clot parle de « travail empêché » pour décrire ce dilemme professionnel. Le travail est vite fait, mal fait ; bâclé à contrecœur, ce qui conduit à un sentiment de perte de sens au travail. Le bore-out est aussi concerné. L’employé à qui on confie peu ou pas de travail se trouve privé de reconnaissance professionnelle. La perte d’estime de soi et le conflit avec son éthique personnelle conduit à une perte de sens au travail. En cas de sentiment de perte de sens au travail, le risque de burn-out est maximal.

Qui est le plus à risque ? Ce phénomène est particulièrement aigu dans le milieu médical, chez les infirmiers et les médecins qui travaillent à l’hôpital. Les cadres sup sont aussi touchés : ils ne se reconnaissent plus dans leur travail, ne comprennent plus très bien ce qu’ils font, ni pourquoi ils le font. Reste vigilant sur ce point, car toutes les catégories socioprofessionnelles sont touchées par le risque de perte de sens au travail.

5. Une culture d’urgence au travail

Il faut tout faire tout de suite, rendre un dossier pour hier et avoir fini avant de commencer. Ça te parle ? Alors, tu travailles peut-être aussi dans une atmosphère professionnelle où l’urgence est constante. Cela se traduit par une sollicitation permanente. Lorsque tu es appelé pendant ta pause de midi, en dehors de tes heures de travail, ou même le week-end et qu’on te rétorque « Mais c’est urgent ! ». Tu n’as le temps de rien et tu es toujours en train de courir. Tu as déjà entendu la demande : « Là, j’ai vraiment besoin de toi, tout de suite, maintenant » ? Sous-entendu « C’est très important, ça ne peut pas attendre ». La culture de l’urgence au travail est une cause courante de burn-out chez les travailleurs.

6. Les conflits de rôle

Un déséquilibre entre les sphères de vie est un facteur de risque face à l’épuisement professionnel. Les contradictions entre la vie professionnelle et la vie familiale sont une source potentielle de burn-out. Cela se traduit très différemment selon la profession et la situation familiale. À l’inverse, les recherches montrent qu’un rééquilibrage entre vie professionnelle et vie personnelle diminue le risque de burn-out.

7. Le manque de contrôle et d’autonomie au travail

Le manque de contrôle au travail est une cause récurrente de burn-out. Le manque d’autonomie dans la gestion de ton organisation et dans la priorisation de tes tâches quotidiennes est problématique. L’exercice de l’autonomie au travail est un critère clé du bien-être au boulot. L’impression de suffoquer et de ne rien pouvoir décider seul peut aussi conduire à l’épuisement professionnel.

8. La gestion des émotions d’autrui

La détresse des patients, les plaintes des clients, la précarité du public, les incivilités, le sentiment d’injustice, les interactions difficiles avec la hiérarchie, etc. Tout cela pèse sur le mental. Dans la durée, devoir gérer le flot d’émotions des patients, collègues, clients et managers peut mener au burn-out.

9. Le manque de soutien de la hiérarchie

Tu ne te sens pas soutenu par tes supérieurs ? Sache que le manque de soutien au travail est une cause fréquemment citée chez les personnes en burn-out. Un management mal adapté et une hiérarchie qui n’est pas à l’écoute sont des signaux alarmants. Le manque aigu de consignes, d’encadrement et de retours de la hiérarchie peut entraîner un burn-out. Le manque de reconnaissance de ton travail par tes pairs, tes collègues et ta hiérarchie est aussi un facteur de risque à l’origine du burn-out. Cette situation peut être exacerbée par le manque de communication, de liens et d’entraide dans l’entreprise.

10. L’insécurité du travail

La peur de perdre son emploi, un contexte socio-économique difficile, un travail précaire, sont autant de facteurs de risque de devoir changer de métier sans y être préparé. L’incertitude quant à son avenir et la probabilité d’être confronté à des changements imprévus ne font qu’aggraver la situation et, en conjonction avec d’autres facteurs de risque, peuvent contribuer au burn-out.

Les facteurs liés à l’individu

Toutes les personnes soumises aux mêmes facteurs de risque liés au travail ne vont pas forcément développer un burn-out. En effet, il y a des facteurs liés à l’individu qui entrent également en ligne de compte. A commencer par les traits de personnalité, comme l’instabilité émotionnelle qui peut se résumer comme une tendance à pecevoir et ressentir les évènements comme problématiques, pénibles, voire menaçants. Un caractère consciencieux, c’est-à-dire organisé, méthodique, persévérant, semble également influencer le risque de développer un burn-out.

Un autre élément clé est l’importance, qui rime souvent avec fort investissement, que représente son travail pour un individu. Lorsque le sens donné à son travail et aux valeurs qu’il véhicule contribue à l’accomplissement personnel, voire à l’identité d’un individu, c’est également un facteur de risque. Ceci dit, il ne faut pas considérer le burn-out comme résultant uniquement d’un sur-engagement au travail. Par contre, il n’y a pas de lien établi entre le burn-out et des critères socio-démographiques tels que le genre, l’âge ou le niveau d’éducation.

Source : Le syndrome d’épuisement professionnel ou burnout. (2015). La Direction générale du travail (DGT) – Ministère du Travail, de l’Emploi, de la Formation Professionnelle et du Dialogue Social (France)

Une personne fortement engagée dans son travail, la présence de facteurs de risques psychosociaux (RPS) tels que des charges de travail élevées, des exigences émotionnelles, un manque d’autonomie et de reconnaissance, ainsi que des conflits non résolus, peut mener à un stress chronique. Si les ressources de l’individu ne suffisent pas à gérer ces exigences, cela peut affecter sa santé mentale et physique, contribuant au développement du burn-out.

Conclusion

Les causes du burn-out sont multiples et s’entremêlent. Toutes les causes du burn-out citées entraînent des déséquilibres qui, dans la durée, peuvent conduire à l’épuisement professionnel. L’objectif est de te faire prendre conscience de ces déséquilibres pour que tu puisses apporter dès maintenant des changements positifs et éviter le burn-out.

Sources

Christine Maslach & Michael P. Leiter. (2011). Burn out – Des solutions pour se préserver et pour agir. Éditions Les Arènes.

Frédéric Chapelle. (2018). Risques Psychosociaux et Qualité de Vie au Travail : en 36 notions. Éditions Dunod.

Jean-Claude Delgenes, Agnès Martineau-Arbes, Bernard Morat. (2017). Idées reçues sur le burn-out. Éditions Le Cavalier Bleu.

Service Public Fédéral Emploi, Travail et Concertation sociale. (2014). Recherche sur le burnout en Belgique : création d’un outil de dépistage précoce. https://emploi.belgique.be/fr/projets-de-recherche/2014-recherche-sur-la-creation-dun-outil-concernant-le-burnout

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